Construction des égouts

 

Le 31 octobre 1931 l'architecte René Guillaume rédige une étude sur la construction des égouts dans le cadre de l'aménagement de la station touristique.
Le réseau des égouts prévu au plan d'extension et d'aménagement de la commune comprend :
1° le réseau de Lorient-Plage qui devrait être aménagé par le lotisseur.
2° le réseau de l'agglomération de Larmor qui partira du Ménez, desservira la partie ouest, le boulevard des Touristes et se jettera dans les creux de rochers à l'est du fort de Locqueltas. La partie sud-est du bourg comprend des ruelles étroites, insalubres qui seront modifiées. Elle sera aménagée ultérieurement.
3° le réseau de Toulhars qui comprendra deux branches, l'une partant du Ménez et l'autre de la place de l'église pour se rejoindre à Toulhars et se frayer un passage pour se perdre dans la direction du rocher de la Jument à la pointe de Toulhars.
4° le réseau de la Nourriguel auquel se joint une branche venant du Kernével qui se perdra dans les rochers à l'entrée de la passe.
5° un petit réseau complémentaire qui desservira le Kernével et se terminera au pied du fort.
Le devis estimatif s'élève à 924 000 F.

Ce projet est approuvé le 15 novembre par le conseil municipal qui vote pour sa réalisation un emprunt de 924 000 F remboursable en 30 ans et prend l'engagement d'inscrire annuellement au budget communal une imposition extraordinaire pour couvrir les échéances.
Ces travaux ainsi que ceux des adductions d'eau et de gaz seront mis en adjudication en trois lots différents.

Dans un rapport daté du 13 janvier 1932, l'architecte Guillaume, auteur du projet, précise que sur une population de 1729 habitants, seuls 642 sont concernés par les travaux d'assainissement touchant 190 immeubles d'habitation.
                                                                                             Larmor bourg                      248
                                                                                             Le Ménez                            146
                                                                                             Toulhars et La Nourriguel     36
                                                                                             Kernével                              212


Le 22 avril le conseil départemental d'hygiène émet un avis favorable au projet de construction d'égouts.

Le 27 juin, l'ingénieur des ponts et chaussées dit que le projet est judicieux et améliorera la situation sanitaire de la commune. Une subvention de l'état peut être envisagée.

Le 6 décembre, le service hydraulique des ponts et chaussées déclare que les points de déversement d'égouts semblent judicieusement choisis et que les produits seront rapidement entrainés par les courants.

Le conseil supérieur d'hygiène de France souhaitant avoir l'avis de l'inspecteur départemental d'hygiène sur le projet, celui-ci émet un avis très favorable après avoir donné les statistiques sanitaires de la commune.

Mortalité au cours des 4 dernières années, de 1929 à 1932.

Le 13 février 1933, le ministre de l'intérieur donne son approbation au projet et autorise à commencer les travaux immédiatement. Toutefois, il ne peut préjuger du montant de la subvention sur le produit des jeux, la commission ne se réunissant pas avant le mois de novembre.

Le 7 mai, la commune décide de reporter le début des travaux lorsque l'adduction d'eau sera réalisée.

Le 21 décembre, la commission de répartition des fonds provenant du produit des jeux accorde une subvention de 125 000 F pour la construction d'égouts.

Le 12 janvier 1934, l'architecte Guillaume rédige un cahier des charges pour un projet complémentaire concernant le centre du bourg et le quartier du port. Il s'agit d'adapter une canalisation située rue du Port et d'en créer une autre dans les ruelles au sud de la vieille agglomération, puis de leur jonction pour se déverser non plus dans le port, mais au-delà du massif rocheux de la jetée. Le devis s'élève à 28 350 F. Le 18 février, le conseil municipal vote la dépense et décide des travaux.
Le projet ne soulève aucune objection de la part des ponts et chaussées, néanmoins, la canalisation devant emprunter le domaine public maritime sur 84 m de longueur, une autorisation d'occupation est nécessaire.

 

Le 4 juin, Maurice Müller, entrepreneur 27 rue Gambetta à Lorient, est déclaré adjudicataire pour 15 606 F, soit un rabais de 38 %.

 

 

Les travaux provoquent le 30 juillet 1934, la violente réaction de monsieur Achille Colin, avocat et de père en fils propriétaire de l'ancienne usine Boy devenue villa Ker Biniou dominant le Petit Port. Il adresse au préfet une longue lettre de 7 pages, affirmant que depuis 1872, cale et terrasse, situées devant sa maison, ont été bénévolement livrés aux passants.

Il s'en prend vivement au maire M. Coutillard, arrivé on ne sait d'où, bombardé maire sur la présentation d'un instituteur.
Désirant étendre son réseau d'égouts sans bourse délier, le maire a fait brusquement passer sur ma terrasse privative, dans un but purement vexatoire, le grand collecteur. . .
Il a fait assigner le maire en référé, puis a retiré son assignation pensant un arrangement possible avant de le réassigner, puis de se pourvoir devant le conseil de préfecture de Nantes.
Le but de la présente, monsieur le préfet, est d'attirer votre bienveillante attention sur les facilités vraiment trop grandes d'approbation préfectorale aux projets mal étudiés ou trop habilement présentés par certains maires vraiment trop habiles.
Et aussi sur les ruineuses facéties budgétaires de monsieur le maire dont il urge de réfréner le zèle, d'autant plus que, tels certains insectes qui sont d'autant plus actifs que leur mort est plus proche, M. Coutillard fait actuellement sa dernière saison de bains de maire.

Sur cette carte postale qu'il adresse au préfet Achille Colin explique la situation et ce qu'il eut été normal de faire, selon lui pour le passage de l'égout.

En mars 1936, au conseil de préfecture M. Colin est reconnu propriétaire de la terrasse mais tenu d'y laisser le passage public. La commune est condamnée à lui payer une indemnité de 15 000 francs pour occupation arbitraire d'un terrain lui appartenant. Constatant que cette indemnité représente en fait la valeur du terrain dans lequel la commune pose sa canalisation, le conseil décide de se pourvoir en Conseil d'Etat. Celui-ci annule une partie du jugement rendu par le conseil de préfecture. M. Colin saisi alors le tribunal civil de Lorient déclaré seul compétent par le Conseil d'Etat. Il réclame 15 000 F pour le dommage subi du fait des travaux de canalisation sur la rue du Port et devant chez lui, 15 000 F pour l'établissement de W.C. publics et 20 000 F pour aggravation de servitude de passage sur son terrain. Me Esvelin est chargé des intérêts de la commune.

Le 26 mars 1936, le préfet invite la commune à réaliser dès que possible les travaux prévus depuis 1931. Le projet initial est réétudié par le génie rural et il convient maintenant de demander l'autorisation d'ouvrir un concours en vue de dresser les plans d'exécution et de réaliser les travaux d'assainissement dans le cadre de l'avant-projet de M. Guillaume.

Le conseil décide de contracter un emprunt de 800 000 F (différence entre les 924 000 du projet initial et la subvention de 125 000) auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations au taux de 5% sur 30 ans.

Certaines adjonctions résultant de voies nouvelles ou de lotissements existants depuis la création du projet retardent la mise au point de l'étude.

Une première tranche de réseau d'égouts est enfin mise au concours. M. Groleau, entrepreneur à Vannes est le seul à y prendre part. Il présente un devis de 514 500 F.

Le 24 octobre 1937, le conseil municipal estime que l'état très lourdement chargé des finances communales ne permet pas de réaliser un emprunt de cette importance attendu que la réalisation des autres tronçons de Toulhars et de Kernével nécessitera un effort beaucoup plus grand ; le réseau complet pouvant être évalué à environ deux millions. Il envisage de renoncer au bénéfice de la taxe de séjour attendu que les recettes sont loin d'être en rapport avec les exigences imposées en matière d'assainissement.

Deux mois plus tard, considérant que la réalisation du tout à l'égout est incompatible avec les ressources communales, le conseil décide à l'unanimité d'abandonner le bénéfice de la taxe de séjour, si le maintien de celle-ci exige la nécessité de pourvoir la station d'un système d'égouts.

En 1948, un projet d'assainissement de la commune est à l'étude dans le cadre de la reconstruction.

En 1956, le maire reçoit mandat du conseil pour que l'adjudication d'une première tranche du réseau de tout-à-l'égout dans les rues du bourg soit passée au plus tôt. Le reste de la commune va suivre.