Navires à vapeurs

 

 

 

Déjà en 1853, le bateau à vapeur l'Eclair du capitaine Naugard qui assure la liaison Lorient - Port-Louis se détourne de sa route pour faire escale au Kernével. Il concurrence ainsi très sérieusement le bac Kernével - Port-Louis qui devient de moins en moins rentable et cessera de fonctionner en 1896.

 


Le service de la rade s'organise

 

Cahier des charges

Le 4 décembre 1875, le conseil municipal de Lorient approuve un cahier des charges imposant certaines contraintes aux constructeurs des vapeurs et à leurs équipages pratiquant le "Service de la Rade".

Le service à établir a pour but de relier Lorient par des bateaux à vapeurs avec les points principaux de la rade et notamment Port-Louis et Kernével.

Le matériel comprendra deux bateaux que le concessionnaire fera construire :
1° Un bateau ponté à vapeur qui aura au moins 25 m de longueur, 5 de large et 1,10 de tirant d'eau, présentant toute garantie de stabilité et pouvant filer 8 nœuds.
Il pourra embarquer 250 personnes et mettre à l'abri le plus grand nombre de passagers en cas de mauvais temps.
Des places séparées tant sur le pont que dans la cale seront réservées aux voyageurs des 1ère et 2ème classes.
2° Un second bateau destiné à remplacer le premier en cas de force majeure.
Ses dimensions peuvent être moindres. Par exemple 18 m de long, vitesse 6 nœuds et transportant 150 personnes.
Les deux bateaux devront présenter les conditions voulues de confort et d'élégance.
Le n°1 chômera un jour par semaine pour son entretien.

- Départs de Lorient : au moins six par jour, à intervalle de 2 heures.
- Départs de Port-Louis 1 heure après celui de Lorient.
- A l'aller comme au retour, escale au Kernével de moins de 10 minutes.
- Durée de la traversée Lorient Port-Louis : 30 minutes, escale à Kernével comprise.
- Dispositions spéciales à Kernével : un signal placé de façon apparente à Lorient et Port-Louis indiquera les heures où l'escale de Kernével ne peut avoir lieu par force majeure.

Le prix maximum du passage est ainsi fixé :

                          Abonnements : prix à débattre.

La durée de la concession est de 10 années à compter du 1er avril 1876. Toutefois si pendant la 1ère année le service de Kernével ne donne pas lieu à un mouvement suffisant, l'escale en ce point pourra être supprimée.
Enfin, le concessionnaire fera connaitre tous les mois le nombre de passagers à l'aller et au retour sur chacune des lignes ainsi que sur celle de Kernével à Port-Louis.

 

Compagnie des Rapides Port-Louisiens

Le 4 octobre 1884, alors que le service du bac périclite, M. Contesse de Monbouton, armateur à Port-Louis, propriétaire de la Compagnie des Rapides Port-Louisiens se propose d'effectuer le passage avec un bateau à vapeur donnant une moyenne de traversée de 5 à 6 minutes, quel que soit le temps.
Considérant que ce vapeur a toutes les qualités voulues et que le service serait assuré dans des conditions beaucoup plus satisfaisantes que celles imposées par le cahier des charges, l'administration est d'avis qu'il y a lieu de concéder à M. Contesse de Monbouton le produit des droits à percevoir sur le bac.

Le 1er décembre 1884, le préfet décide que M. Contesse de Monbouton est autorisé à exploiter le bac de Kernével à partir de ce jour jusqu'au 31 décembre 1888, moyennant une redevance annuelle de 1 franc.
Mais moins d'un an après, il renonce complètement à son exploitation.

 

Société des Rapides Port-Louisiens

Le 18 janvier 1886 est créée la Société des Rapides Port-Louisiens.
En 1888, elle assure un service sur Larmor les dimanches et jeudis à compter du 24 mai. Les horaires sont fonction des marées.
Le 20 janvier 1889, elle est absorbée par la Société des Vapeurs Lorientais-Port-Louisiens.

 

Société des Vapeurs Lorientais-Port-Louisiens

En 1890, le service de Larmor commence le dimanche 31 mai. Le 1er départ de Lorient a lieu à 9 heures du matin, puis d'heure en heure entre Port-Louis et Larmor. Le dernier départ de Larmor est à 7 heures du soir.

Le dimanche 2 septembre 1894, un vapeur chargé d'environ 200 passagers reste en panne entre Saint-Michel et Port-Louis. Il est pris en remorque par un autre bateau. Arrivés à Port-Louis, les passagers doivent attendre l'arrivée d'un autre vapeur pour Larmor. Finalement, le trajet aura duré une heure et demie.

Le 15 juillet 1894, La Margaëte, du nom de la petite fille de monsieur Bougnot, gérant de la Compagnie des Vapeurs Port-Louisiens, effectue sa première sortie : Groix, puis remontée du Blavet jusqu'au quai d'Hennebont et retour à Lorient. Construit à Nantes en 1893, sa coque est en fer. Il comporte un pont et un mât. D'une longueur de 23,03 m de l'étrave à l'étambot, sa plus grande largeur est de 4,21 m et la hauteur en son milieu est de 2,01 m. La machine à vapeur fait 140 chevaux.

En 1894, la Compagnie des Vapeurs Port-Louisiens absorbe la société Contesse.

A compter du 27 août 1895, un service régulier est mis en place entre Lorient et Larmor par les Vapeurs Port-Louisiens. Les départs ont lieu toutes les heures de Lorient entre 9 heures et 17 heures et de Larmor entre 10 heures et 18 heures 30.

A partir du 1er mai 1896, Octave Roussel, concessionnaire ayant le monopole de la vente du poisson à Lorient, met en place un service régulier entre Lorient, La Perrière, le Kernével et Larmor. Il est assuré par la chaloupe à vapeur Les Deux Frères pour le prix de 10 centimes entre chaque escale. Les pêcheurs sont également prévenus que Les Deux Frères prendra en charge leur poisson à destination de la criée municipale de Lorient.

Un habitué des bateaux Port-Louisiens se plaint des contrôles à bord. Les billets sont très minces et d'un maniement difficiles. Ils sont réclamés jusqu'à 6 fois par voyage entre Lorient et Larmor. J'ai vu dimanche dernier les voyageurs exaspérés refuser de montrer leur billet. Pourquoi ces exigences tracassières ?

Bourgnot

 

Monsieur Bougnot, gérant de la Compagnie des Vapeurs Port-Louisiens dresse un tableau des voyageurs transportés de Lorient à Larmor et vice-versa de 1891 à 1896.
Il précise que pendant les années 1891 à 1894, le service de Larmor n'a eu lieu que les dimanches et jeudis, mais en 1895, un service quotidien a eu lieu à partir du 27 août et jusqu'au 1er octobre. En 1896, le service a été quotidien à partir du 19 juillet jusqu'au 20 septembre où le service a cessé pour cause de mauvais temps. C'est l'unique cause de la diminution du nombre de voyageurs par rapport à 1895, car si le temps avait été aussi beau qu'en 1895, le nombre de voyageurs sur Larmor aurait atteint près de 40 000.

En 1897, la Compagnie des Vapeurs Lorientais - Port-Louisiens commence le service sur Larmor à compter du 26 mai, tous les jeudis et dimanches. A partir du 19 juillet, le service devient quotidien. 1er départ de Lorient à 7 h du matin et dernier départ de Larmor à 6 h 30 du soir. La Compagnie se réserve le droit de supprimer le service les jours de mauvais temps.

En 1899, les fervents du Kernével se plaignent de l'absence de liaison directe entre Lorient et Kernével.

En juin 1904, les commerçants et habitants de Larmor se plaignent du fait que malgré le beau temps, un service quotidien ne soit toujours pas mis en place.

 

Bateaux en service dans la rade

En 1906, suite aux essais effectués sous le contrôle de la marine, le nombre des passagers pouvant embarquer à bord des vapeurs desservant la rade est ainsi fixé :
                 - Port Tudy, 97,42 tonnaux de jauge : 225 passagers en rade et 150 au-delà de Port-Louis,
                 - Ile de Groix, 79,47 tx : 225 et 150 passagers,
                 - Célestine, 66,15 tx : 200 et 125 passagers,
                 - Cécile, 55,22 tx : 225 et 150 passagers,
                 - Louis, 49,35 tx : 200 et 100 passagers,
                 - Margaëte, 45,05 tx : 160 et 70 passagers,
                 - Tony, 44,29 tx : 150 et 100 passagers,
                 - Marie-Ange, 35,28 tx : 140 et 60 passagers,

- Sur les deux vapeurs de Pen Mané, il est autorisé à bord de la Marie-Thérèse de 19,71 tx et de la Lucy-Madeleine de 27,42 tx 120 passagers en rade et 40 au-delà de Port-Louis.
- A bord des deux chaloupes à pétrole, le Pen-Brou et le Croisicais de 3,41 tx qui font le service du Kernével, il est autorisé 45 passagers en été et 30 en hiver.

   

 

En novembre 1906, la Société des Chaloupes Automobiles du Kernével décide la mise en chantier d'un troisième bateau plus grand et plus confortable, le Kernével.
Construit sur les plans de M. Cornu et dans ses chantiers 16 rue Carnot, il a des lignes élégantes. Il mesure 12,11 m de longueur sur 3,60 m dans sa plus grande largeur. Il jauge 13,58 tonneaux. Sa coque est en bois. Il est actionné par un moteur à pétrole à hélice réversible, sortant des usines de la société Panhard et Levassor qui l'a construit spécialement avec ses derniers perfectionnements.
Son lancement a lieu à la Cale-Ory le 6 avril 1907. Les premiers essais en rade, effectués aussitôt, donnent entière satisfaction avant sa mise en service le 19 mai.
Les passagers trouveront à bord de ce bateau très bien aménagé, tout le confort possible. Sa vitesse lui permettra de faire des rapides traversées et pourra ainsi transporter autant de passagers qu'il s'en présentera.