Ecole libre congréganiste
Ouverture de l'école des Sœurs de la Sagesse
Cette école de deux classes est située en bordure du boulevard de Toulhars dans les locaux de l'ancienne usine Camus, ayant servi à la fabrication de conserves de sardines à l'huile, devenus le 7 février 1896 propriété de Pierre Le Bras, industriel, fabriquant de conserves alimentaires à Larmor, puis le 12 avril 1898 celle de Joachim Le Bras, vicaire à Plœmeur, chargé de l'église de Larmor et futur recteur de Riantec.
Le dimanche 14 août 1898 a lieu à Larmor la bénédiction de la nouvelle école primaire de filles, libre et congréganiste, ouverte par les Sœurs des Filles de la Sagesse.
La cérémonie débute à 14 heures 30 à la chapelle Notre-Dame de Larmor. M. l'Abbé Pichodo, curé doyen de Plœmeur prononce une vibrante allocution qui touche le nombreux auditoire réuni pour la circonstance. Le journal "Le Morbihannais" la résume ainsi : Dans tous les établissements primaires, les maîtres enseignent les programmes universitaires, mais il leur est défendu, en vertu d'une prétendue neutralité créée par des lois sectaires de prononcer le nom de Dieu…
L'instruction sans la religion est incomplète, aussi les parents soucieux des intérêts supérieurs de leurs enfants tiennent à les confier à des maîtres qui peuvent leur enseigner avec toutes les connaissances humaines désirables, le catéchisme et l'évangile qui en font des chrétiens en même temps que des hommes capables de tenir leur rang dans la société.
Les maîtresses qui viennent tenir l'école de Larmor sont appelées, non dans un but de rivalité, mais pour rendre de vrais services à la population laborieuse. Prêtes à se dévouer, comme elles le font partout ailleurs pour les malades et les enfants à instruire, ces religieuses méritent toute la confiance des familles…… C'est une grande responsabilité pour les parents que celle qu'ils encourent en déléguant à des étrangers une partie des droits et devoirs qu'ils tiennent de Dieu. Ils doivent donc choisir avec un grand soin les personnes qui auront une influence certaine sur la direction morale et intellectuelle de leurs enfants.
Une quête est faite au profit de l'école par Mme Henri Sevène, Mme du Chélas, Mlle Berthe Marquis et Mlle Yvonne Duval. Des chanteurs et musiciens de Lorient, sous la direction de M. l'abbé Le Corre animent cette cérémonie.
Puis le clergé se rend en procession de l'église à la Communauté où a lieu la bénédiction de la maison, de l'école et des crucifix.
Le plan dressé par G. Dumas, architecte à Lorient, approuvé par le maire de Plœmeur le 1er juillet 1898, nous fait découvrir les locaux.
L'ouverture de l'école maternelle mixte a lieu 3 semaines plus tard, le 5 septembre 1898.
Pour sa première année de fonctionnement, l'école accueille 20 filles en primaire et 53 enfants en maternelle (15 garçons et 38 filles) sous la direction d'Anne-Marie Lucas, en religion Sœur Marie Protalice, assistée d'Henriette Corbellier, religieuse enseignante. Marie Yvonne Le Cloirec, religieuse de 64 ans fait également partie de la communauté.
Sœur Marie Protalice, née le 5 février 1862 à Nantes, a fait profession le 29 août 1886. Elle est titulaire du brevet de capacité obtenu le 10 juillet 1885 dans l'académie de La Rochelle. A 37 ans elle a déjà une longue expérience puisqu'elle a exercé la fonction de directrice :
à Plœmeur du 28 août 1886 au 1er décembre 1895 ;
à Bellac (Haute-Vienne) du 1er décembre 1895 au 14 février 1897 ;
et à Salies-du-Salat (Haute-Garonne) du 14 février 1897 au 29 juin 1898.
Projet d'ouverture d'un internat en été
Le 2 juin 1899, Sœur Marie Protalice, Supérieure, déclare à la mairie de Plœmeur avoir l'intention d'ouvrir un internat momentané durant la saison balnéaire à Larmor.
Elle écrit à l'inspecteur d'académie pour lui faire part de son projet et solliciter son autorisation. Je ne crois pas utile, monsieur l'inspecteur, de vous soumettre une méthode d'enseignement, le but principal de cet établissement étant plutôt la question de santé pour des fillettes chétives. Toutefois, je dois vous prévenir qu'une leçon d'une heure chaque jour sera donnée aux internes.
Le 21 juin l'inspecteur d'académie fait part au préfet de ses réticences quant à ce projet, tout en lui laissant, ainsi qu'au conseil départemental, le soin de décider. Les deux salles de classe A et B (voir le plan ci-dessus) seraient transformées en dortoirs. Chacune pourrait recevoir 12 lits dont 11 lits pour les élèves et 1 lit pour la maîtresse surveillante. Il y a lieu de remarquer que la loi ne prévoit pas l'existence des pensionnats temporaires ; en outre l'affectation des mêmes salles, tantôt à usage de classes, tantôt à usage de dortoirs semble présenter quelques inconvénients. Ces changements alternatifs dans la destination des locaux ne sont pas non plus prévus par les règlements.
Une note nous apprend que l'inspecteur d'académie, M. Aignan, a parlé de cette affaire à M. le préfet qui lui a déclaré qu'il ne voyait pas d'inconvénient à autoriser l'ouverture de l'internat. Sur un autre document, il est mentionné que cette affaire n'a pas été soumise au conseil départemental de l'enseignement primaire.
Cet internat a-t-il fonctionné au cours de l'été 1899 ? Nous l'ignorons.