Les autobus

 

 

Les premiers services réguliers de transport de personnes entre Lorient et Larmor par la route et le pont de Kermélo semblent dater de 1895. Cette année-là, MM. Le Pan frères organisent pendant l'été un service quotidien régulier de voitures. Six départs ont lieu chaque jour à partir de 9 heures, place de Plœmeur à Lorient.

 

 


Un tramway entre Lorient et Larmor

 

Fin 1910, M. Puren adjoint spécial de la section de Larmor fait adopter par le conseil municipal un vœu pour qu'une ligne de tramway soit installée entre Lorient et Larmor. Il y aurait un transbordement des voyageurs au pont de Kermélo en attendant sa reconstruction.

Trois ans plus tard, on apprend que la Compagnie des Tramways a mis à l'étude un projet auquel elle ne pourra donner suite que si elle obtient l'appui financier du département, des communes, ou même des propriétaires intéressés. Pour y parvenir, elle propose de constituer une société anonyme locale d'un capital de 350 000 francs. Les actionnaires auraient un revenu fixe de 3%, un revenu variable correspondant au tiers des bénéfices soit un peu plus de 2%. Les deux autres tiers revenant à la compagnie. Les recettes sont évaluées à 70 000 francs par an. Le bénéfice net serait d'environ 35 000 francs.

Le départ de Lorient se ferait place Bisson, toutes les heures à partir de 7 heures en hiver et toutes les demi-heures en été.
Le dimanche, des voitures supplémentaires seraient mises en service.
L'itinéraire serait le suivant : après avoir franchi le pont de Kermélo, à hauteur du village de Quélisoy, direction du Kernével en longeant la rade, puis la ligne suivrait le littoral par Toulhars et le Ménez, évitant ainsi la côte des Quatre-Chemins.

Mais il faudra du temps pour réaliser les formalités nécessaires de déclaration d'utilité publique, d'achat de terrain, d'expropriation, d'enquête, etc. Au mieux, la ligne pourrait être mise en exploitation pour l'été 1915, soit un an après la date de livraison prévue du pont de Kermélo.

Mais les difficultés rencontrées auprès des communes et des propriétaires de terrains font abandonner le projet.

Après la guerre un nouveau projet de tramway voit le jour. La ligne passerait par la rue de Larmor, le pont de Kermélo, les Quatre-Chemins, le Ménez, Larmor. Elle se poursuivrait en passant derrière Locqueltas, desservirait la future station de Lorient-Plage, puis la colonie sanitaire de Kerpape et Lomener. Mais ce projet est abandonné.

 

 

Premiers services réguliers

 

En 1921, alors que le pont suspendu de Kermélo a été remplacé par un pont fixe, l'hiver il n'existe toujours pas de liaison terrestre régulière entre Lorient et Larmor. A l'instigation des conseillers municipaux de Larmor, un service régulier par automobile avec départ à heure fixe est établi par une société dont M. Penvern assume la direction technique.

A partir du 15 mai, Charles Boutin assure la liaison avec un auto-camion bien suspendu et confortable. Il stationne près du pont-Tournant à Lorient où a lieu le départ à partir de 8 heures, toutes les heures, jusqu'à 3 heures. Les retours de Larmor commencent à 5 heures ; le dernier départ étant à 8 heures du soir. Le prix est de 1 franc par personne.

En juin 1921, la société armoricaine des transports automobiles Lorient-Larmor annonce la création d'un service quotidien, été comme hiver, par des voitures contenant 15 personnes. Trois véhicules effectuent le trajet. La ligne comporte trois arrêts en cours de route avec les tarifs suivants :
      Autobus 04Place Plœmeur à Belle-Vue du Polygone : 0,25 franc
      Place Plœmeur au pont de Kermélo : 0,50
      Place Plœmeur aux Quatre-Chemins : 0,75
      Place Plœmeur à Larmor : 1 franc.
      Les enfants de 3 à 7 ans paient demi-tarif.
Les horaires sont les suivants :
     départs de Larmor : 7 h 15, 9 h 15, 13 h 30, 17 h 30 et 19 h 15.
     départs de Lorient : 8 h 15, 10 h 15, 14 h 15, 18 h 15 et 20 h 15.
     Le dimanche, départs toutes les heures à partir de 8 heures.
Tous renseignements peuvent être obtenus au café Coupanec, place Plœmeur, à Lorient et au jeu de boules Penverne, en face de l'école à Larmor.

 

La même année, la Maison Touzet assure un service tous les dimanches et jeudi. Départ de Lorient sur le quai derrière le Théâtre et à Larmor, place de l'église.

 

En avril 1922, le maire de Plœmeur prend un arrêté réglementant la circulation :
1° dans la traversée du bourg et des agglomérations de la commune, les véhicules ne peuvent dépasser la vitesse de 10 kilomètres à l'heure.
2° il est interdit aux voitures hippomobiles et automobiles de se croiser sur le pont de Kermélo.
3° sur la route de Lorient à Larmor, il est interdit aux conducteurs de voitures automobiles assurant le transport des voyageurs de se doubler et en cas de croisement, la voiture vide se rangera pour laisser la place libre à la voiture chargée.
4° aucune voiture automobile ou hippomobile ne devra se garer en stationnement ou en charge le long de la route du pont de Kermélo à la place de Larmor.
5° dans l'agglomération de Larmor, les voitures devront se garer en arrière et au sud de l'église. Les voitures assurant le transport des voyageurs se rangeront sur les places est au bourg et nord à Larmor, à un endroit fixé par décision municipale.
6° la circulation est totalement interdite dans la ruelle entre l'hôtel Edelin et la route de Lorient.
7° toutes les voitures rangées et garées sur les places de la commune sont passibles d'un droit de stationnement de 0,25 par jour.

 

Le 14 septembre 1922, le conseil général rejette une demande de subvention faite par la société Ar Mor Garage pour le service de transport qu'elle assure depuis un an entre Lorient et Larmor. Elle allègue que le service est déficitaire du 1er octobre au 1er avril. Mais ce service est également assuré par une société concurrente et l'attribution d'une subvention à l'une plutôt qu'à l'autre ne se justifie pas.

En 1923, M. Coupanec obtient du conseil général une subvention de 500 francs à titre exceptionnel pour encourager son initiative d'un service d'autobus entre Lorient et Larmor. Il renouvelle une demande l'année suivante se basant sur ce qu'aucune ligne de chemin de fer ne dessert Larmor. Satisfaction lui est donnée ainsi que l'année suivante en 1925, bien que le service n'a qu'un intérêt local qui justifierait plutôt le concours des communes intéressées.

 

Autobus LorientaisEn septembre 1925, une crise se développe autour du service des Autobus Lorientais vers Larmor. A l'origine, une altercation dont Mlle Mariette Coupanec, fille du directeur des Autobus Lorientais est la victime. Suite à cela, monsieur Coutillard, maire de la toute récente commune de Larmor-Plage prend le 2 septembre un arrêté qui déchaine les passions.
Considérant que des incidents regrettables se sont produits au départ d'autobus dont le stationnement avait été fixé sur la place de Larmor, le dimanche 30 août à 9 heures du soir, que ces incidents ont troublé la tranquillité publique au milieu d'une agglomération […] le maire arrête que :
- le stationnement est désormais fixé au lieu du garage des Autobus Lorientais, route de Lorient, et dans la rue qui conduit au chemin de Kerderff, sur le côté nord de l'Hôtel de Larmor.
- une seule voiture au départ de Larmor est autorisée comme stationnement devant le garage.
- pour éviter l'encombrement des voyageurs qui sont munis de billets, le directeur des Autobus Lorientais devra établir devant le garage un barrage conduisant à la montée de l'autobus.
- ce barrage sera éclairé dès la chute du jour pour les départs de nuit.

 

Empruntons au "Nouvelliste du Morbihan" la relation des faits qui s'en suivirent :
"L'entreprise des Autobus Lorientais était par cet arrêté, privée d'un point d'embarquement et de débarquement central et reléguée aux confins de Larmor. […] Jusqu'à présent les Autobus Lorientais se chargeaient de faire parvenir à Larmor les colis à destination de cette commune et d'en rapporter les colis destinés à Lorient. Dès le jour où l'arrêté municipal fut mis en application, ces colis furent systématiquement refusés.
"On juge de l'indignation des habitants de Larmor. Brimés par choc en retour, ils firent entendre de véhémentes protestations. Un conseiller municipal donna sa démission qu'il reprit ensuite ; deux autres dont un adjoint menacent de se démettre de leurs fonctions. Bref, c'est la discorde."
M. Perrodo, directeur de l'école publique et ancien président du Comité de défense des intérêts de Larmor, parvient après des discussions parfois difficiles avec le maire à établir un projet des modus vivendi.
"Les autobus pourraient déposer leurs voyageurs sur la place de Larmor comme ils le faisaient auparavant et y stationner normalement. Entre temps, afin de ne pas encombrer cette place, ils iraient se garer sous les arbres, près de l'église à vingt mètres de leur point d'arrivée."

Cette décision est communiquée aussitôt à la direction des Autobus Lorientais. Mais les autobus persistent à s'arrêter à leur garage, ne viennent toujours pas sur la place et continuent à refuser de se charger des colis de ou pour Larmor tant qu'un nouvel arrêté n'est pas pris ; chose qu'en fait, le maire refuse de faire.

Un vœu contenant les éléments essentiels pour calmer les esprits échauffés et aboutir à une entente entre les parties ne reçoit pas d'accueil favorable du maire qui lève la séance du conseil sans qu'il soit mis aux voix. Une crise municipale est ouverte. M. Edelin démissionne aussitôt.
Me Brisset, notaire à Lorient, y va de sa suggestion. Il pense que des électrobus à trolley sur pneus, plus légers, plus rapides et moins larges que les autocars diminueraient l'encombrement des routes, tout en assurant le service d'une façon parfaitement régulière et moins onéreuse. Une telle ligne doublée par les autobus Lorientais établirait entre Lorient et Larmor des communications extrêmement faciles.

Finalement, le 5 octobre le maire prend un nouvel arrêté qui, tout en rendant le conseil municipal responsable des accidents qui pourraient se produire, rapporte le précédent et décide que :
- le stationnement des Autobus Lorientais est exclusivement fixé sur la principale place de Larmor devant l'église, sous les arbres ;
- un barrage sera établi par les Autobus Lorientais pour permettre aux voyageurs d'avoir librement accès à l'autobus à l'appel des numéros de leurs billets.

 

Pour l'anecdote, le 12 juillet 1926, Jules Coupanec qui conduit les Autobus Lorientais est traduit devant le tribunal correctionnel pour outrage. En effet un dimanche alors que le garde-champêtre Le Guen se présente à lui pour percevoir le droit de stationnement à Larmor, il lui lance en l'écartant : Vous me faites rire, vous et votre municipalité ! Le président lui inflige 25 francs d'amende pour avoir visé, en même temps qu'une municipalité qu'il est toujours possible de critiquer, le garde-champêtre qui, lui, est assermenté.

 

Dans sa session de septembre 1926, le conseil général renouvelle sa subvention de 500 francs à l'entreprise Le Coupanec pour l'année 1927.
D'autre part, un avant-projet prévoyant un réseau d'autobus électriques, dits électrobus, allant de Lorient à Larmor est abandonné car les prévisions de recettes sur cette ligne essentiellement saisonnière ne sont pas suffisantes. Il faut cependant assurer aux habitants et aux usagers de Larmor des relations régulières. Aussi la première commission du conseil général propose d'établir et d'étudier un cahier des charges avec un concessionnaire, qui pourrait être la Société des Autobus Lorientais, et qui devrait effectuer un service de transport avec des départs réguliers, aussi bien l'hiver que l'été, et se charger du service postal. Dans ces conditions les communes de Lorient et de Larmor apporteraient leur concours et le département donnerait une subvention. Enfin, dans un avenir peu éloigné, le développement croissant de Larmor permettra d'envisager la création d'une ligne de tramways.

 

En octobre, M. Le Coupanec sollicite la commune pour l'attribution d'une subvention plus importante que les 400 francs actuels, se plaignant de ce que le service d'hiver est déficitaire. Sans attendre la réponse, il diminue considérablement le service le 15 octobre entre Lorient et Larmor brimant toute la population qui ne dispose pas d'autre moyen de transport. Seuls deux départs de Lorient et de Larmor sont dorénavant effectués les jeudi, samedi et dimanche.
Le 24 octobre, le conseil municipal qui condamne cette façon de procéder estime que d'autres sociétés seraient disposées à assurer le service. En conséquence, il décide :
- Un cahier des charges sera établi qui mettra en compétition toutes les sociétés de transport. Il comportera un service d'hiver régulier avec horaire détaillé.
- La société soumissionnaire devra s'y conformer scrupuleusement et se verra attribuer une subvention de 1000 francs.
La polémique enfle entre M. Coutillard, maire, et M. Coupanec qui estime que la commune ne respecte pas ses engagements.

La commune de Lorient inscrit à son budget de 1927 un crédit de 1000 francs pour subventionner un tel service.

Le 1er juin 1927, l'horaire d'été, un peu plus fourni, entre en application.

 

Cahier des charges

Le 8 novembre, le cahier des charges est mis au point par la commune. Il prévoit que :
Article premier
… le concessionnaire du transport des voyageurs sera tenu de traiter avec l'administration des postes pour assurer le service du courrier.

Article 2
Le concessionnaire du service sera tenu d'assurer obligatoirement par voiture automobile ou hippomobile d'une contenance de cinq à six personnes, pendant toute l'année et sans égard à la saison, deux voyages aller et retour par jour, un le matin et un le soir.
Le vendredi de chaque semaine le courrier du matin seul sera obligatoire.
Il devra assurer le transport du courrier postal à chaque voyage obligatoire.

Article 3
Les heures de ces voyages seront réglées sur les heures d'arrivée et de départ des courriers à la grande gare et à la poste de Lorient.
L'horaire sera le suivant :
                      départ de Lorient à 7 h 30, arrivée à Larmor à 8 h 15.
                      départ de Larmor à 8 h 30, arrivée à Lorient à 9 h 15.
                      départ de Lorient à 16 h 15, arrivée à Larmor à 17 h.
                      départ de Larmor à 17 h 15.

Article 4
Le prix des places ne pourra pas dépasser deux francs.
Les soumissionnaires devront indiquer le tarif applicable au transport des colis suivant le poids et l'encombrement.

Article 5
Le concessionnaire recevra de la commune une subvention annuelle de 2000 francs (dont 800 pour frais de transport du courrier), plus 1000 francs de subvention octroyée par la ville de Lorient.
En outre, le concessionnaire recevra de l'administration des postes une subvention de 730 francs par an pour assurer le transport du courrier.

Article 8
Le contrat sera valable pour un an à partir du 1er janvier 1928. Il sera renouvelable tous les ans par tacite reconduction.

L'adjudication a lieu en mairie le 15 janvier 1928. Deux concurrents sont sur les rangs. L'entreprise Le Coupanec ayant fait les offres les plus avantageuses est déclarée adjudicataire. Jusqu'ici, durant l'hiver le service ne fonctionnait que trois jours par semaine. Le nouveau régime entre en application dès le 16 janvier. Outre le service quotidien imposé, la société effectuera des voyages supplémentaires les jeudi, samedi et dimanche : départs de Lorient à 11 h et à 14 h ; départs de Larmor à 13 h 30 et à 14 h.

Le 1er avril 1928, la maison Coupanec cède son affaire à la Société des Taxis et Autobus Lorientais de MM. Duparc et Carriguel. Elle continue le service de Larmor dans les meilleures conditions. En fin d'année, elle prend l'engagement d'assurer le service pendant les trois prochaines années. Mais le conseil municipal estime qu'il convient d'éviter d'engager l'avenir et qu'il faut s'en tenir au cahier des charges qui prévoit un contrat annuel.

 

Le transport des passagers par autobus se développe rapidement puisque lors de l'hiver 1931-1932, chaque jour de semaine, 4 départs ont lieu de Larmor et autant de Lorient. Et 7 dans chaque sens le dimanche.

 

L'été, d'autres transporteurs n'hésitent pas à venir faire de la concurrence sur la ligne Lorient-Larmor. Ainsi la maison Dinam qui propose un service journalier à compter du 1er juillet 1932.

 

A partir du 25 mai 1933, la Société des Taxis et Autobus Lorientais propose les horaires suivants :

 

 
 

Au mois d'août, les Autocars Lorientais proposent également un service de Lorient à Kerroch en passant par Larmor.

La route de Larmor devient très encombrée et dangereuse, particulièrement pour les piétons toujours très nombreux à l'emprunter parmi les automobilistes et les motocyclistes. Les autobus sont rois, dépassant largement la vitesse de 20 km/h.

 

Le 24 septembre 1933, sur proposition de M. Le Mercier, conseiller municipal partisan du non renouvellement du contrat de l'entreprise Duparc-Carriguel, parce qu'il pense obtenir des conditions financières plus avantageuses, le conseil vote sa dénonciation et le recours à une nouvelle mise en adjudication.
Le cahier des charges est modifié par l'ajout d'un article prévoyant le paiement d'un droit de stationnement.

En octobre, les ponts et chaussées s'aperçoivent qu'une travée du pont de Kermélo construite en 1914 présente des signes inquiétants. Le 25, le préfet prend un arrêté interdisant la circulation sur le pont aux véhicules dont le poids total, charge comprise, est supérieur à 2 tonnes.
Aussitôt le syndicat des transporteurs lorientais supprime les services du lendemain ; le temps de manifester son mécontentement et de mettre au point un nouveau tarif tenant compte de l'augmentation du prix de l'essence et de l'allongement du trajet par Plœmeur, soit environ 10 km. A 0,25 franc du kilomètre cela fait 2,50 francs la place.

 

Le 20 décembre a lieu en mairie une adjudication pour la concession du service des transports en commun des voyageurs et du courrier, mais aucune soumission n'a été déposée. Le maire reproche alors à l'opposition de l'avoir amené à dénoncer le contrat des Taxis et Autobus Lorientais.
M. Le Mercier répond que les craintes du maire sont injustifiées, car un transporteur a commis une erreur de date et signera la convention proposée quand on le souhaitera. Le marché de gré à gré avec ce transporteur devrait faire réaliser une économie de 1600 francs à la commune.

 

Le 21 janvier 1934, le conseil étudie la question du transport des passagers et du courrier. M. Guillemot qui devait traiter avec la commune ne donne finalement pas suite.
Le maire expose les conditions auxquelles M. André Duparc accepterait d'assurer le service.
M. Guillaume, garagiste au Ménez, a également été pressenti mais demande une majoration de la subvention de 800 francs.
Finalement, M. Guillaume est invité à donner une réponse écrite quand il aura réfléchi et selon sa réponse, le maire est autorisé à traiter directement avec lui, sinon avec les Taxis et Autobus Lorientais.
Au final, un marché de gré à gré est signé le 29 janvier entre le maire et la Société des Taxis et Autobus Lorientais. La subvention de la commune pour le transport du courrier est passée à 2400 francs. Le traité est valable jusqu'au 15 octobre 1935 puis renouvelable annuellement par tacite reconduction.

 

Droits de stationnement

Lors de la même réunion en janvier 1934, suite à des observations du préfet qui précise au sujet des droits de stationnement d'autocars que ceux-ci doivent être taxés uniformément quel que soit le nombre de voyageurs transportés, le conseil adopte le tarif suivant pour les stationnements supérieurs à 20 mn :
                      de mai à septembre 100 francs par voiture de transport par mois ;
                      d'octobre à avril 25 francs ;
                      Taxe journalière 25 francs.

Mais le préfet fait remarquer que tous les véhicules automobiles et hippomobiles effectuant ou non un service de transport en commun faisant un usage anormal de la voie publique doivent être assujettis à la taxe de stationnement.

En conséquence, le 18 février, le conseil adopte un nouveau tarif :
1° droit de place :
          Forains : roulottes et petits véhicules divers              0,50 F/m²/jour
                         spectacles et attractions, - de 500 m²         0,20
                         étalages, loteries, tirs                                  3,50
          Marchands avec voiture automobile                        10 F/jour
                         voiture hippomobile                                    5 F
                         petite voiture                                               2 F/m²/jour
                         brouette ou panier                                      1 F
2° droit de stationnement :
Autocars et voitures automobiles et hippomobiles de toutes catégories, en stationnement constituant occupation temporaire prolongée et anormale (d'une durée supérieure à 15 mn) du domaine public :

Après approbation par le préfet, ce tarif fait l'objet d'un arrêté du maire le 11 mars.

 

Déclarations des transporteurs

Un décret du 19 avril 1934 fait obligation à tout transporteur public de faire une déclaration à la préfecture.
Henri Bourlet, entrepreneur de transports (cars jaunes, puis bleus) ayant son siège 7 rue du Blavet à Lorient, déclare avoir démarré le 15 janvier 1933 deux services réguliers :
               Lorient-Larmor 6 jours sur 7 et 4 voyages par jours.
               Lorient-Kernével 2 jours par semaine et 2 voyages par jour.
2 véhicules de 32 places sont affectés au service de Larmor avec une moyenne de 1500 km par mois. Le tarif est de 0,20 franc par kilomètre. A l'occasion, il organise des excursions, services, pour des mariages, assemblées, etc.
L'année suivante, possédant deux cars supplémentaires, il développe son service régulier sur Larmor en effectuant 10 voyages par jour.

 

La Société des Taxis et Autobus Lorientais (cars beiges clairs) dont le siège se trouve 11 rue Victor Massé dirigée par MM. Duparc et Carriguel déclare effectuer des services réguliers vers Lochrist, Baud, Pontivy, Pont-Scorff, Plouay, Le Faouet, Plœmeur, Lomener, Kerroch et les plages, Larmor. Occasionnellement ils organisent des circuits automobiles sur toute la Bretagne.
Le service Lorient-Larmor, le plus ancien, a débuté lors de l'été 1924. Les départs de Lorient ont lieu toutes les heures, à l'heure et de Larmor à la demie. En été la ligne est doublée ou triplée et est en correspondance avec les chemins de fer de l'état. En outre ils transportent le courrier. Le tarif est de 0,25 franc du kilomètre.
En 1924, l'entreprise dispose d'un véhicule Renault de type MV comptant 24 places assises et 10 places debout.
En 1934, elle possède 16 véhicules récents de marques Latil, Renault, Citroën, Chenard, Unic.

 

L'entreprise de Jean Lavenant dont le siège est 37 avenue Jean Jaurès à Lorient effectue un service régulier le samedi de Lorient à Guidel. Occasionnellement elle fait un service vers Larmor, Kerpape, Lomener, Kerroch, Plœmeur ainsi que des excursions et mariages dans les départements limitrophes. Elle a commencé son activité le 29 mai 1931. Le tarif est de 0,20 franc du kilomètre.
Elle dispose de deux véhicules : un autocar Chenard Walcker de 25 places et un taxi Delahaye à conduite intérieure.
L'année suivante, Lavenant déclare intensifier son service entre Lorient et Larmor pendant les 4 mois d'été.

 

Louis Guillaume, propriétaire du garage du Ménez à Larmor déclare effectuer depuis le mois d'août 1933 le transport journalier des voyageurs entre Lorient et Larmor de 7 heures du matin à 7 h du soir avec départs toutes les demi-heures en été et toutes les heures en hiver. Le service est assuré par une petite voiture Renault de 15 places. Il envisage d'acquérir un second véhicule de 24 places en juin. Il fait un service ouvrier le matin et le soir au prix d'abonnement de 65 francs par mois, sinon à 2 francs la place.

 

Léon Ihuello, 49 rue de Larmor à Lorient, effectue occasionnellement, depuis le 15 février 1934, le service vers Larmor et les plages en particulier lors d'assemblées, fêtes, pardons, ainsi que des excursions. Il possède un car Renault ZYAB de 15 CV, 23 places. Le tarif est de 0,25 franc du kilomètre.

 

Messieurs Messager et Le Quernec dont l'établissement est situé 25 rue de Carnel à Lorient effectuent depuis le 3 mars 1934 des services occasionnels vers Larmor et les plages pour les assemblées, fêtes, pardons, ainsi que des excursions. Ils possèdent un car Fiat de 12 CV et 24 places qui sera remplacé par un car Rochet Schneider de 12/15 CV, type 38.000.

 

En mars 1935, la presse salue l'innovation réalisée par M. Bourlet qui a fait installer par les soins de la maison Philips, un appareil de T.S.F. dans chacun de ses cars jaunes.
La concurrence entre Bourlet et les Taxis et Autobus Lorientais se développe à grand coups d'encarts publicitaires dans la presse locale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 15 septembre 1935, le conseil municipal se penche sur une pétition signée des transporteurs en communs : Guillaume, Bourlet, Lavenant, Ihuello, Le Quernec, Le Fur et Rémond. Ils dénoncent le fait que le comité technique départemental des transports, présidé par M. Duparc, envisage de réserver l'exclusivité de la ligne Lorient-Larmor à la Société de Taxis et Autobus Lorientais dirigée par ce même M. Duparc et de reporter leurs services sur les lignes Lorient-Kerpape, Lorient-Kernével et Lorient-Toulhars. Ils demandent le soutien de la municipalité contre ce projet.
Le conseil se plaçant strictement sur le terrain de l'intérêt général demande instamment à M. le préfet et aux organismes chargés de l'application du décret du 19 avril 1934 de maintenir sur la ligne d'autocars Lorient-Larmor tous les services existants et de n'apporter à l'exploitation de ces services aucune modification susceptible d'entrainer une augmentation des tarifs ou une diminution du trafic actuel.

En réaction, ces transporteurs s'organisent et se constituent en association qui compte 4 membres : Louis Guillaume, président, Jean Lavenant, Louis Le Quernec et Léon Ihuello. Henri Bourlet en est tenu à l'écart. Sous le nom de Cars Réunis ils proposent un service très complet.

En 1936, la maison Bourlet est cantonnée aux lignes Lorient-Toulhars et Lorient Kernével. 

Le 15 février 1936, M. Duparc, des Taxis et Autobus Lorientais, demande au préfet de bien vouloir modifier l'arrêté du 22 avril 1933 concernant sa ligne Lorient-Larmor. Il compte augmenter le nombre de points d'arrêts, placer à chacun d'eux des panneaux indicateurs discrets et interdire à ses chauffeurs de s'arrêter n'importe où.
Les arrêts seraient les suivants : Cour gare P.O., av. Maréchal Joffre, pl. Clémenceau, pl. Aristide Briand, rue Belle-Fontaine, groupe scolaire de Merville, rue de Larmor, le Tourniquet, la Puce qui renifle, Kermélo, Quélisoy, le Petit Bouchon, les Quatre Chemins, le Vieux Moulin, le Ménez, la Mairie, pl. de Larmor (terminus)
La Compagnie des Tramways de Lorient voyant là une concurrence supplémentaire ainsi que la ville de Lorient qui va modifier son plan de circulation y sont défavorables. L'ingénieur en chef des ponts et chaussées conclut au rejet de la demande, ce que confirme le préfet à M. Duparc le 9 juin.

 

 

Plan de transport

Le plan de transport du 2 mars 1939 partage la liaison Lorient-Larmor entre les Cars Réunis (dont ne fait pas partie M. Bourlet) et la Société des Taxis et Autobus Lorientais.

Il prévoit :
                   pour les Cars Réunis (futurs cars Lavenant) :
                                                   du 1er octobre au 1er avril 4 A.R.
                                                   du 1er avril au 15 juin 18 A.R.
                                                   du 15 juin au 1er octobre 20 A.R.
                   pour les Taxis et Autobus Lorientais (futurs cars Carriguel) :
                                                   du 1er octobre au 1er avril 10 A.R.
                                                   du 1er avril au 15 juin 25 A.R.
                                                   du 15 juin au 1er octobre 50 A.R.

En juin 1939, l'administration de la gare routière municipale de Lorient est amenée à prendre certaines dispositions pour organiser le départ des cars. Pour le service de Larmor les dimanches, jours de fête et chaque fois que l'abondance des voyageurs le justifie, les départs se feront selon le plan suivant : 4 cars des Cars Réunis, 10 cars des Taxis Autobus Lorientais dans l'ordre suivant : 1 car des Cars Réunis, 2 cars des T.A.L., 1 car des Cars Réunis, 2 cars des T.A.L., 1 car des Cars Réunis, 3 cars des T.A.L. Les mêmes dispositions seront respectées à Larmor.
Les cars des plages de Kernével et de Toulhars seront placés à un quai spécial et ne pourront pas prendre de voyageurs à destination de Larmor.
Les jours de semaine, sans affluence exceptionnelle, les cars assureront normalement leur service suivant les indications de leurs horaires.

 

Pendant la guerre, MM. Duparc et Carriguel mettent un terme à leur association et M. Carriguel reste seul sur la ligne Lorient-Larmor. Il acquiert les droits de MM. Guillaume, Ihuello et Le Quernec (3/4 des Cars Réunis).

 

Après-guerre, M. Bourlet demande son inscription au plan de transport. En 1947, le ministre des travaux publics et des transports l'autorise à effectuer les services Lorient-Larmor et Lorient-Kernével-Toulhars. La fréquence sera fixée par le Comité Technique Départemental en fonction d'un partage d'activité entre les transporteurs existant qui pourrait être :
                      1 voyage pour M. Lavenant,
                      1 voyage pour M. Bourlet,
                      5 voyages pour M. Carriguel, sachant qu'il ne s'ensuivra aucune augmentation de kilomètres-cars.

Cette décision provoque une vive réaction de M. Carriguel qui conteste le droit à M. Bourlet d'effectuer ce service, remontant pour s'y opposer à l'hiver 1934-1935 au cours duquel M. Bourlet a interrompu son service pendant 2 mois ce qui lui aurait fait perdre ses droits.
Il faut attendre 1951 pour que le ministère confirme le droit à l'entreprise Bourlet d'effectuer les relations Lorient-Kernével-Toulhars à titre exclusif et Lorient-Larmor selon une fréquence à répartir entre lui, Carriguel et Lavenant.
En 1957, le ministère attribue à Carriguel 5 voyages sur 9, à Bourlet 3/9 et à Lavenant 1/9.

M. Lavenant, dernier survivant des Cars Réunis à effectuer le service Lorient-Larmor, conteste devant le tribunal administratif de Nantes cette répartition. Satisfaction lui est donnée le 4 décembre 1959.

 

  

Un nouvel arrêté ministériel de 1966 fixant les fréquences de la ligne Lorient-Larmor, attaqué par M. Lavenant, est annulé par le tribunal administratif de Nantes en 1968. Un an plus tard, le 5 décembre 1969 le Conseil d'Etat casse ce jugement.

 

 

Après la cessation d'activité de ces trois compagnies, le service est assuré par la Compagnie des Transports de la Région Lorientaise.